jeudi 20 mai 2010

Fâcheries entre propriétaires

Aujourd'hui, je vais vous parler d'Apple – vous verrez, parfois ça me prend, c'est bien triste...

Ceux qui s'obstinent à pointer leur nez dehors et profiter du soleil sont probablement passé à côté de la dernière gentillesse échangée entre Adobe et Apple, la campagne de publicité Freedom of Choice, lancée il y a quelques jours par Adobe. Ça t'apprendra à jouer les sociables.

Donc vas voir déjà, ici et .

Ceci n'est que l'une des nombreuses manifestations de tension entre les deux firmes, depuis que Apple a décidé de tenir la technologie Flash à l'écart de ses produits, en commençant par ne pas l'inclure dans l'iPhone et en persistant dans cette politique pour l'iPad. Le ton monte, le Flashblog ayant perdu toute retenue dans un article se concluant poétiquement sur un “go screw yourself Apple ! ”, tandis que Steve Jobs publie des réquisitoires fleuves listant les obstacles technologiques qui s'opposeraient à l'accueil de Flash .

D'où la réaction d'Adobe dans sa campagne publicitaire, qui détaille ce qu'il aime et surtout qu'il aime moins chez la pomme. [notons que ça inspire aussi l'humour décapant des pro Apple]. Le site d'Adobe offre également tout un explicatif de sa campagne et répond aux critiques adressées à sa technologie. Le tout est enrobé de déclarations exaltées sur les valeurs d'Adobe, sa foi en un monde où la créativité ne serait limitée que par l'imagination, etc.

Les larmes nous viendraient aux yeux si, comme l'a souligné Steve Jobs, Flash n'avait pas posé dans le passé et encore aujourd'hui de sérieux problèmes d'accessibilité et de comptabilité avec les formats standards. En matière d'interopérabilité, Adobe a beau jeu de se poser désormais en victime sacrifiée sur l'autel des modèles propriétaires. C'est ce qu'ont souligné des sociétés comme Opéra et ARM, qui critiquent d'autant plus les standards fermés de Flash qu'Internet serait aujourd'hui très dépendant de cette technologie. Soyons donc bien rassurés de voir qu'Apple, Microsoft et Opera, tous adeptes traditionnels des standards fermés, se découvrent des envies irrépressibles d'ouverture dès lors qu'il s'agit d'écharper Adobe.

Cependant, ne nous inquiétons pas trop pour Adobe qui sait se défendre, aussi isolé soit-il sur ce point.

Il semblerait en effet que les autorités de la concurrence américaines, gentiment aiguillées par une plainte d'Adobe, commencent à s'intéresser de près aux pratiques d'Apple. Et malheureusement pour elle, ceci n'est pas le premier cas où il est reproché à Apple de faire obstacle à une technologie, de bloquer les applications des développeurs, de se réserver des marchés par des contrats d'exclusivité, etc.

Il s'agira notamment de déterminer si l'interdiction faite aux développeurs d'utiliser des outils de développement multi plates-formes est (ou risque d'être) restrictive de concurrence. Cependant, d'autres pratiques tendancieuses risquent alors d'être examinées, par exemple le réseau de distribution sélective étroitement contrôlé, qui a déjà donné lieu à condamnation relativement aux exclusivités accordées pour la distribution de l'iPhone en France ; ou encore, l'une des clauses applicables au iPhone OS 4.0, qui prohibe l'utilisation de logiciels publicitaires tiers.

Il faut attendre de savoir si la Federal Trade Commission ou le department of Justice décide d'engager une action ou si les négociations qui semblent être en cours parviendront à faire réfléchir Apple. Dans le cas contraire, les parts de marché de plus en plus importantes de la pomme lui font risquer chaque jour un peu plus une action en justice à la mesure de ce qu'a subi son concurrent Microsoft.

On ne sait plus trop qui plaindre...


Badineuse


EDIT : et pour une analyse sympa de la principale technologie concurrente à Flash, le html5, adoptée par notre ami YouPorn, je vous conseille un site que je découvre en ce moment, Electron libre.



3 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  2. Bonjour à tous,
    De manière simplifiée, le flash est l'un des nombreux langages de programmation le plus complet et le plus utilisé pour réaliser des actions dynamiques.
    Son défaut ?
    * on l'aura tous compris, tout d'abord sa lourdeur. Mais est ce une raison suffisante ? Les technologies tels que les téléphones ont aujourd'hui assez de puissance pour faire tourner des jeux 3D, pour regarder des films sans réencodage et embarque capteurs tels que boussoles, GPS, centrales inertielles etc. Pas assez performant certainement pas, je vais cependant nuancer mes propos...
    * On pourrait alors se demander quel impacte réel le flash cause. Peut-être n'êtes vous pas au courant, Apple (contrairement à ses concurrents) ne permettait pas le multitâches. L'idée était d'avoir une autonomie la plus importante possible. Or le flash serait dans ce cas, le vilain petit canard à pointer du doigt.
    * Pourquoi le flash n'est-il pas mieux implémenter sur les plateformes mobiles ? Quel est la raison subjacente (que j'ai bien sur oubliée ;) ) pour laquelle aucune aide est faite pour visionner du flash sur son téléphone ? Peut-être est ce la tout simplement un problème de gratuité de la marque !? Pourquoi payer et être redevable de quelqu'un, quand on peut faire quelques oublie, utiliser tant qu'on peut l'existant commun à tous et gratuit et combler les manques par ses propres applications.
    Un pronostique pour le futur ?
    * Les grosses entreprises ont tendance à camper sur leur position jusqu'à l'étude d'un intérêt différent. Pourquoi donc changer une situation qui marche ?
    * Le flash s'imposera t'il sur toutes les plateformes ? Cette question ne date pas d'hier et même si Flash gagne à un quelconque recours en justice. Les applications fleurissantes dédiées à combler les manques marqueront certainement encore son échec sur certains points.
    Magohamoth :)

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  3. Bonjour, navrée de répondre si tard (le temps de la réflexion bien sûr...)

    Questions et réponses intéressantes, même si je suis plus optimiste sur la possibilité qu'un recours en justice puisse faire avancer les choses. Mon côté juriste-naïf probablement.

    Je suis tout à fait d'accord qu'il semble absurde qu'un joujou aussi violemment innovant que l'iPhone ne puisse pas supporter Flash. Je ne crois pas que deux géants de l'high tech n'auraient pas pu, en y mettant un peu de volonté, arriver à une solution en contraignant leurs tech de chaque côté. A partir d'un certain capital, j'ai l'impression que quand on veut, on peut.

    On a plutôt l'impression d'assister à des réactions d'enfants gâtés qui s'accrochent déséspérement à ce concept détestable que sont les modèles propriétaires, et veulent faire plier le web à leurs formats. Notamment par ces apps destinées à compenser Flash que vous m'avez fait découvrir - c'est un cauchemar cette histoire...

    C'est là qu'une belle décision de la DG concurrence ou de la FTC, amende à l'appui, pourrait avoir son utilité.

    On croise les doigts ? :)

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