lundi 27 septembre 2010

Hadopi, le meilleur des régulateurs II

[coup de gueule inside]

Nouvelles du front : calme plat.

Malgré beaucoup d'annonces, d'effet de suspens ces derniers jours, la Hadopi demeure la grande absente de la rentrée. Les fameux mails ne sont toujours pas partis ; le site Internet décline des variantes intéressantes de tous les messages d'erreurs possibles pour justifier sa non-existence, la mise en ligne étant pourtant prévue aujourd'hui.

Comment en serait-il autrement, quand chaque étape à effectuer semble immédiatement compromise ?

Les courriers à envoyer à l'internaute qui néglige la sécurité de sa connexion au profit de son téléchargeur de voisin, toujours annoncés, jamais partis, laissent la voie libre aux faux courriers et à tous les phishings de données personnelles, coordonnées bancaires...  Le tout fait figure de comédie où la Haute Autorité va immanquablement se ridiculiser (on n'en est plus à une fois près remarque, et puis il commence à faire moche, il faut bien rire de quelque chose).

 
Quant au site Internet, il ne tiendra pas cinq minutes. Encore que, dans une connexion synaptique rare chez notre Haute Autorité préférée, la Hadopi a averti que son site Internet ne serait pas protégé contre les attaques de déni de service, les fameuses DDoS (distributed denial of service , qui permettent notamment d'empêcher d'accéder à une page en noyant le serveur). Ceci nous change des déclarations suicidaires relatives au triste site jaimelesartistes.fr : déjà peu populaire auprès de la communauté anti-Hadopi, le site de propagande fut submergé d'attaques et rendu inaccessible quelques heures après avoir été qualifié de "super blindé" par la ministre de la culture de l'époque, "ils peuvent toujours attaquer". Un point donc pour notre Haute Autorité nationale, son président Eric Walter a déclaré avec franchise qu'une attaque pouvait faire tomber le site.

Malheureusement, ce geste de bon sens arrive un peu tard, et surtout un peu au mauvais moment. Comme le torchon ne brûlait pas assez entre ayant-droits et P2P, des sociétés ont eu l'idée lumineuse de jouer les pirates hunters, en utilisant les mêmes méthodes que leurs cibles. Long story short, les grands moteurs de recherches torrents, qui permettent d'accéder aux liens P2P, se sont fait eux-aussi harceler d'attaques DDoS, et certains comme Pizzatorrent ont mis la clé sous la porte. Et récemment, ces attaques ont visé le sacro-saint The Pirate Bay, la plate-forme de recherche de torrents la plus en vue au monde, le nerf de la guerre pour les adeptes du téléchargement en ligne.


Source : Generation NT

Inutile de te dire qu'employer ce genre de méthodes n'est pas l'idée du siècle. Tout d'abord parce que les attaques DDoS sont complètement illégales. En France, cela est puni de 5 ans de prison et de 75 000 euros d'amende (délit d'entrave au fonctionnement d'un système de traitement automatisé de données, 323-2 du code pénal). On se demande parfois pour qui les ayant-droits se prennent, la propriété intellectuelle et sa défense n'étant en aucun cas une justification à un comportement aussi incivil.


Sans compter que la pédagogie n'est pas la vertu première de la loi du Talion, mais passons.

[non en fait, je ne passe pas du tout, je persiste à penser que l'application forcée du droit d'auteur par le biais de mesures techniques qui s'apparentent à des actes de contrainte et à présent de violence ne peut qu'amener à une radicalisation des positions. Il est choquant de voir le droit d'auteur être instrumentalisé à ce point par des ayant-droits qui n'ont souvent plus rien à voir avec les auteurs originels, tant les lobbys ont travaillé pour déposséder les auteurs de leurs droits tout en conservant les atouts formidables du monopole que le droit d'auteur implique. Il est tout aussi choquant que ces ayant-droits se permettent d'employer ouvertement des moyens illégaux, alors que, contrairement à la masse des internautes, ils ont les moyens de défendre leurs droits financièrement et juridiquement ; ils ont enfin la possibilité de se payer un cabinet de consulting en stratégie qui leur expliquera qu'avec une offre légale correcte, le téléchargement illégal se résorbera évidemment de lui-même. Merci de m'avoir lue.

Par ailleurs, l'autre détail à ne pas oublier, c'est que les défenseurs de The Pirate Bay ont des moyens de rétorsion autrement impressionnants qu'une société privée, qui malgré son intéressement financier, a ses limites. Ce qui devait arriver arrive, la principale communauté impliquée dans les attaques DDoS, les Anonymous, ont lancé attaque sur attaque, visant non seulement des sociétés clairement impliquées dans le nouveau business du DDoS, mais également des associations de défense des intérêts des ayant-droits, la MPAA (Motion Picture Association of America) et la RIAA (Recording Industry Association of America). L'opération est poétiquement nommée Payback Is A Bitch.

Et dans tout ça, Hadopi, première représentante de la riposte graduée dans le monde, a été associée aux ayant-droits :

                           tadaaaa....!



Source : Generation NT


This isn't too much, is it...?

Là encore, il semble que l'heure soit plutôt au bon sens en France (laisse moi rêver tranquille, tu veux), le Parti Pirate français ayant appelé à ne pas participer ni cautionner l'attaque prévue pour novembre. Je ne peux pas être plus d'accord, mais ne peux que relayer...



Badineuse

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